Brève histoire des aides auditivesDu coquillage à l’intra-auriculaire, la correction auditive à travers les siècles
Appareils auditifs, prothèses auditives, Sonotone®, aides auditives : autant de noms pour distinguer une seule et même famille d’appareils. Aujourd’hui arrivés à maturité et capables de corriger tous les types de déficiences auditives, ils sont le fruit d’une longue évolution à la recherche de la meilleure correction des déficits de l’audition.
Aides auditives : mais de quoi parle-t-on ?
Quand on parle d’aide auditive chez Sonance Audition, on ne dissocie pas l’appareil auditif lui-même de son adaptation au patient et à son mode de vie, de la rééducation de son audition, et de son accompagnement tout au long de sa vie appareillée et de l’évolution de sa pathologie.
Mais pour savoir de quoi l’on parle, il est parfois nécessaire de revenir aux définitions :
- Aide : soutien, assistance, secours.
- Auditif : qui permet la perception des sons.
- Appareil : dans le domaine médical, instrument palliant le fonctionnement d’un organe lésé.
- Prothèse : dispositif artificiel implanté dans l’organisme, destiné à remplacer un membre ou un organe, dans sa fonction, sa forme, ou son aspect. Pour toute prothèse, il existe travail d’ajustement et d’accommodement.
NB : autrefois d’un usage technique, le mot « prothèse » est entré dans le vocabulaire courant. Aides auditives, lunettes, implants dentaires, prothèses de hanche ou de genou… Sous la poussée combinée de l’innovation et du vieillissement des populations, nous sommes devenus une société prothétique !
De la main au cornet acoustique : l’ère de l’amplification mécanique
Quand la nature supplée aux défauts d’audition
Depuis des temps immémoriaux, l’homme a découvert une façon simple d’améliorer son acuité auditive en portant sa main en forme de coupe derrière l’oreille. Il avait constaté que ménager ainsi un espace creux amplifiait les ondes. Dès l’Antiquité, les Grecs, qui avaient bien compris le phénomène, utilisaient des coquillages afin de renforcer l’audition. Puis au Moyen-Age, aux coquillages succédèrent des cornes d’animaux.
Les premiers appareils auditifs conçus spécialement pour l’homme
C’est au 17e siècle qu’apparaissent les premiers amplificateurs d’écoute, sous la forme de cornets acoustiques. Ces dispositifs tubulaires ou en forme d’entonnoir recueillent les ondes sonores pour les conduire à l’oreille. Lourds et imposants, ils seront fabriqués jusqu’au début du 20e siècle dans toutes sortes de matériaux : bois, corne, métal, puis les premiers matériaux de synthèse comme l’ébonite du cornet acoustique du Professeur Tournesol.
En 1879, apparut le dentaphone. Cette prothèse consistait en une membrane fixée au bout d’une tige dont l’autre extrémité était tenue entre les dents. Les sons étaient ainsi transmis à l’oreille interne par conduction osseuse. Le célèbre compositeur Ludwig Von Beethoven, devenu sourd à l’âge de 26 ans, utilisait cette technique. En appuyant fermement une tige de bois sur son piano, il réussissait à entendre les vibrations acoustiques de son instrument en tenant solidement l’autre bout de la tige entre ses dents. (Ce principe de conduction osseuse était connu des Grecs 200 ans avant J.C.)
L’ère de l’amplification électrique
À la fin du XIXe siècle, Miller Reese Hutchison, un ingénieur américain, trouva le principe d’amplification électrique lui permettant de concevoir la première prothèse auditive électrique au carbone (fabriquée aux États_Unis). On raconte qu’Hutchison aurait aussi inventé le klaxon automobile afin de rendre la population sourde et pousser ainsi la vente de ses prothèses !
En 1920, on vit apparaître la prothèse auditive à lampes qui permettait une meilleure amplification et une qualité de reproduction sonore incomparable à la prothèse au carbone. Le règne de la prothèse auditive à lampes (incluant la conduction osseuse) s’étend de 1920 à 1952.
En 1929, l’entreprise américaine Sonotone (basée à New-York) conçoit, développe et commercialise le premier dispositif électronique amplificateur de son. L’appareil fonctionne sur la technologie de la lampe radio. Il est composé d’un amplificateur, d’un microphone, de batteries imposantes et d’une paire d’écouteurs. Analogique, il amplifie toutes les fréquences de manière homogène. Au fil des ans, sa taille rétrécit et l’appareil devient portatif. Il peut être transporté dans un sac, et transmet le son au porteur via un écouteur.
À partir de 1948, le transistor, infiniment plus petit que la lampe, permet désormais la fabrication d’une prothèse assez petite pour être portée directement sur l’oreille. La compagnie Acousticon réussit cet exploit et fabrique le premier « contour d’oreille » dès 1952. L’appareil amplificateur placé sur l’oreille est encore volumineux, et l’embout auriculaire sur mesure contient l’écouteur.
Dans les années 1960, cette prothèse auditive se glisse plus facilement derrière l’oreille, et prend la forme qu’on lui connaît aujourd’hui. Elle fonctionne à l’époque sur une technologie analogique innovante : les ondes sonores sont transformées en signaux électriques.
La miniaturisation des circuits électroniques progresse au point de pouvoir installer l’amplificateur et ses composants directement dans l’embout auriculaire. C’est la naissance de l’intra-auriculaire dans les années 1970.
L’âge numérique et la correction auditive 2.0
Au milieu des années 1990, la technologie analogique est entièrement remplacée par la technologie numérique.
Cette évolution révolutionne totalement le monde de l’appareillage auditif. Cette fois, il ne s’agit pas d’un changement de forme, mais bien de technologie. La prothèse auditive devient un appareil auditif.
Entièrement contrôlées par ordinateur, ces appareils font bien plus qu’amplifier les sons. Ils ont la capacité de filtrer plusieurs bruits environnementaux, au profit de la parole. Plutôt que de les ajuster à l’aide d’un petit tournevis comme pour les appareils de technologie analogiques, leur programmation s’effectue à l’aide d’un ordinateur.
La technologie des appareils auditifs est en constante évolution et s’améliore au rythme effréné des années. Ce sont désormais littéralement de mini-ordinateurs, ultra connectés. Ils opèrent plusieurs millions de calculs à la seconde et analysent continuellement les signaux sonores entourant le malentendant.
De nos jours, nous accordons par ailleurs tout autant d’importance à la rééducation auditive qu’à l’adaptation d’appareils. On parle d’accompagnement du patient, de quête de santé auditive, et de ce fait d’aides auditives.
Si les termes « sonotone », ou «prothèse » sont désuets et péjoratifs, ils nous rappellent que les aides auditives discrètes, confortables, et performantes d’aujourd’hui sont le fruit d’une longue histoire, où le progrès technique sert avant tout au bien-être et au vivre-mieux.