Le bruit blanc, on en a tous entendu parler sans toujours bien comprendre de quoi il s’agissait. Quant à savoir à quoi il ressemble, c’est encore autre chose. Et seuls les audiophiles les plus pointus et les professionnels du son comme les acousticiens, les ingénieurs du son et les audioprothésistes sauraient expliquer ce qu’est un bruit rose. Sans parler des bruits rouges, bleus ou violets… Petite balade sur l’arc-en-sons.
Le bruit de la « neige »
Par analogie avec la lumière blanche, qui est un mélange équilibré de toutes les couleurs du spectre visible, le bruit blanc désigne un type de bruit qui contient des fréquences à peu près égales dans toutes les bandes de fréquence audibles par l’oreille humaine. Cela signifie que chaque fréquence a la même amplitude, ce qui crée un son uniforme et continu, qui se présente comme une sorte de chuintement dense.
Pour ceux qui s’en souviennent, c’était par exemple le bruit qu’accompagnait la « neige » d’un écran de télévision cathodique mal réglé, ou quand prenait fin la diffusion des programmes (car oui, autrefois, il y avait une fin des programmes). On peut aussi évoquer l’espèce de brouillard sonore de la radio quand on cherchait à accrocher une station en tournant le bouton (c’était avant le numérique, les présélections, le DAB+, les webradios…)
Très utile et connu de longue date, le bruit blanc peut être utilisé pour masquer les bruits de fond indésirables – dans un casque à réduction de bruit active par exemple – ou pour étalonner les équipements de mesure sonore. Il peut également être utilisé en thérapie sonore pour aider à masquer les acouphènes. Il présente également des propriétés hypnotiques.
Le son d’un torrent coulant dans le lointain
Et le bruit rose, à quoi ça ressemble ? On a tous fait l’expérience étrangement agréable du caractère apaisant du bruit d’un torrent ou d’une cascade coulant au loin, ou de la rumeur du bord de mer : voila ce qu’on peut qualifier de « bruit rose ».
Techniquement, le bruit rose est un type de bruit qui présente une densité spectrale de puissance uniforme, ou autrement dit, une énergie constante par bande de fréquences. Pas de panique : cela signifie simplement que chaque octave (do, ré, mi… jusqu’au do suivant) contient la même quantité d’énergie acoustique. En pratique, le bruit rose est donc plus fort à basse fréquence, et diminue en intensité à mesure que la fréquence (la note) augmente.
Le bruit rose est utilisé pour tester par exemple l’acoustique d’un système d’enceintes ou d’une salle de concert, l’isolation sonore dans le bâtiment, ou dans la production musicale pour égaliser le son d’un mixage. Il est également utilisé en thérapie sonore pour stimuler les fréquences auditives de manière contrôlée.
Bleu, rouge, violet… Les sons nous en font voir de toutes les couleurs
On l’a compris avec l’exemple du bruit blanc : l’idée d’associer une couleur à chaque type de bruit se fait par analogie entre les ondes sonores et lumineuses. Ainsi, le bruit dont le dessin du diagramme d’onde sonore correspond à celui d’une lumière bleue sera qualifié de « bruit bleu ».
On distingue donc ainsi le bruit bleu, qui présente plus d’énergie dans les hautes fréquences ; le bruit rouge, qui a plus d’énergie dans les basses fréquences et le bruit violet, qui en toute logique a plus d’énergie dans les fréquences moyennes. Enfin, la famille ne serait pas complète si l’on oubliait le bruit gris, qui est un faux bruit blanc obtenu en soumettant un bruit rose à une courbe psychoacoustique d’intensité constante… Mais nous entrons ici dans le domaine de l’acoustique pure.