La majorité des aides auditives de dernière génération intègrent désormais des algorithmes d’intelligence artificielle qui en accroissent considérablement les performances. Certains fabricants en font un argument commercial, d’autres passent cette innovation majeure sous silence, de crainte peut-être d’effrayer certains patients, et parfois les audioprothésistes. Alors, l’IA dans vos oreilles, bonne ou mauvaise nouvelle ?
L’IA, entre fantasme et réalité
En 1968, Stanley Kubrick imaginait un ordinateur mal embouché, HAL9000, prenant de son propre fait le contrôle d’un vaisseau spatial dans le film 2001 l’Odyssée de l’espace. Mais en 2001 au contraire, Steven Spielberg portait à son tour à l’écran, sous les traits rassurants d’un petit garçon, les tribulations d’une attachante intelligence artificielle à la recherche de sa part d’humanité, dans le bien nommé A.I. Intelligence Artificielle.
Beaucoup plus récemment, on a tous vu les troublantes images du pape François en doudoune blanche générées par intelligence artificielle, et entendu les déclarations prudentes des dirigeants d’Open IA, la maison-mère du célèbre robot de dialogue ChatGPT, préconisant une pause dans le développement de ces technologies. L’Intelligence Artificielle est donc là et bien là. Faut-il s’en préoccuper ou s’en réjouir ?
Vers l’expérience auditive augmentée
Dans le domaine de l’audition, l’arrivée de l’intelligence artificielle (IA) est clairement une bonne nouvelle, tant du point de vue des audioprothésistes que de celui des patients. Les dernières générations d’appareils auditifs intégrant de l’IA améliorent en effet l’expérience globale de la majorité des patients sur le plan de la qualité de restitution sonore comme sur celui du confort d’utilisation ou de l’ergonomie.
- Traitement du signal : Les aides auditives équipées d’IA peuvent identifier les différents types de sons et les traiter individuellement pour améliorer la qualité sonore. Par exemple, l’IA peut distinguer les voix des bruits, et amplifier les voix tout en réduisant le bruit de fond. Ou encore, isoler dans un groupe de voix celle de l’interlocuteur privilégié.
- Adaptation aux situations sonores : l’IA peut reconnaître les différentes situations sonores (par exemple, une conversation dans un restaurant, une réunion de travail ou une promenade dans la rue) et s’adapter automatiquement aux réglages appropriés pour une expérience d’écoute optimale.
- Apprentissage adaptatif : l’IA peut apprendre les préférences d’écoute des utilisateurs et ajuster automatiquement les réglages en fonction de leurs habitudes. De même, dans le cas de neuropathies auditives, elle peut apprendre de l’utilisation du patient pour s’adapter à l’évolution de sa maladie.
- Optimisation de l’autonomie et économie d’énergie : l’IA peut surveiller les niveaux de batterie et adapter les paramètres en conséquence pour prolonger la durée de vie de la batterie.
Coach d’IA, le futur de l’audioprothésiste ?
Et les audioprothésistes dans tout ça ? Loin d’être « grand-remplacés » par l’IA, ils voient au contraire leur rôle à la fois transformé et renforcé par cette révolution. En amont, en plus de la mise à jour constante de leurs connaissances techniques (ce qu’ils assuraient déjà), il leur faudra intégrer une compréhension fine des algorithmes d’IA, pour optimiser la personnalisation des appareils en fonction des besoins spécifiques de chaque patient. Ils vont en quelque sorte devoir enrichir leur métier d’une nouvelle fonction de « coach d’IA », pour que celles-ci à leur tour apprennent à s’adapter à la vie des patients.
Évolution aussi de leur rôle dans le suivi des patients : il ne s’agira plus seulement d’ajuster les appareils et leurs réglages selon la perte auditive et le confort du patient, mais aussi de surveiller leur efficacité au fil du temps, d’interpréter les données collectées par l’IA pour affiner les réglages, et d’accompagner le patient dans l’utilisation de technologies souvent plus complexes. Face à l’IA, le métier d’audioprothésiste se voit donc confirmé et approfondi dans sa dimension de partenaire incontournable de l’expérience auditive globale du patient, alliant compétences techniques constamment challengées par l’innovation et l’indispensable approche humaine, pour laquelle l’IA a encore quelques progrès à faire.
À titre d’exemple, si certaines parties de cet article ont été coécrites avec l’aimable collaboration de ChatGPT, les informations délivrées ont bien été dûment validées et corrigées par des audioprothésistes diplômés d’État et des professionnels de la communication certifiés 100% humains.