Benoît Lavergne, de l’audiophilie à l’audioprothèse

L’histoire d’un geek au pays des sons, ou comment un passionné d’audio devenu audioprothésiste Sonance a permis la mise au point d’un simulateur de perte d’audition en ligne vraiment crédible, fiable et scientifiquement étalonné.
Depuis le lancement de son site web, l’équipe fondatrice de Sonance souhaitait marquer sa différence en proposant en ligne une expérience innovante conforme à l’approche Sonance. L’idée, élaborée avec son agence de communication digitale, fut d’imaginer, à côté des tests d’audition devenus la règle, un simulateur de perte d’audition à destination des proches de patients malentendants.
Vis ma vie de malentendant
L’objectif, parfaitement en ligne avec la philosophie de l’enseigne et sa logique de prise en charge humaine et globale du patient, consiste à faire prendre conscience à l’entourage d’une personne « dure d’oreille » de la réalité du handicap posé par une perte d’audition, même légère, et de sensibiliser les « normo-entendants » à l’importance d’encourager et d’accompagner les patients dans leur démarche d’appareillage.
Mais le projet fait face à un problème. Si le simulateur n’est pas difficile à imaginer sur le papier, et que toute l’équipe est persuadée de son bien-fondé, encore faut-il qu’il soit pertinent sur le plan scientifique, pratique à mettre en œuvre, accessible financièrement et exploitable en termes de développement et de droits d’exploitation.
« De la musique avant toute chose »
Automne 2022. Sonance organise son séminaire à Lyon. À l’issue des présentations, Benoît Lavergne, un audioprothésiste Sonance fraîchement diplômé (promotion 2021) et installé à Poitiers, discute avec Laurent Buri, cofondateur de Sonance et grand amateur de musique, de sa passion ancienne pour le traitement du son. Issu d’une famille musicienne (père guitariste, grand-mère violoniste, Benoît est lui-même batteur), il a créé, à l’âge de 16 ans, des « cartes de visites sonores » à partir de captures de sons traitées en MAO.
C’est d’ailleurs cette passion du son qui l’a conduit, par des chemins détournés, au métier d’audioprothésiste. Après le Bac, bien qu’attiré plutôt par une école de cinéma ou de prise de son, Benoît suit une formation en génie électrique à l’IUT, puis une licence professionnelle en acoustique qui le spécialise en électroacoustique et environnement sonore. À la sortie, une première expérience dans le doublage tourne court, faute d’expérience.
Il s’oriente alors vers l’informatique, d’abord en support technique, avant d’évoluer vers l’administration système et réseau, où il se familiarise avec l’esprit libertaire du logiciel libre et de l’Open Source – le détail a son importance. Il travaille bientôt dans l’événementiel, chargé de la gestion du Wi-Fi et des infrastructures réseau pour de grands événements (Carrousel du Louvre, Villepinte, etc.). Mais l’interaction humaine lui manque. C’est alors qu’il découvre l’audioprothèse : après une prépa à Bordeaux, il intègre l’école d’audioprothése de Bordeaux en 2018.
Violon dingue !
Retour à Lyon en 2022. Benoît présente à Laurent Buri ce qu’il a « bricolé à ses heures perdues » : un simulateur de perte d’audition permettant de reproduire de façon fidèle une infinité de situations d’écoute à partir de véritables voix naturelles. L’outil est entièrement développé par ses soins en Javascript, choisi pour sa légèreté d’utilisation en mode client directement dans un navigateur. Pour ce qui est des sources audios, il puise dans des bibliothèques de voix et de sons en libre accès, comme LibraVox ou La Sonothèque, sous licence Creative Commons®.
Comme il a l’esprit scientifique, Benoît refuse l’approximation, et étalonne ses filtres selon des niveaux de perte auditive normalisés, avec ou sans bruit environnant, selon une catégorisation scientifique des pertes auditives basée sur une étude de 30 000 audiogrammes récoltés au CHU de Stockholm, étudiée jadis dans le cadre de son mémoire de fin d’études.
Le prototype, archi-complet en termes de fonctionnalités, comporte même un visualisateur de fréquences. « À la fin, j’ai même vérifié au sonomètre, dans ma cabine, que les pertes moyennes simulées par mon dispositif correspondaient vraiment à l’atténuation qu’on constate lors d’une biométrie tonale ». Scientifique, on vous dit !
Reste que tel quel, le simulateur de perte de Benoît Lavergne est inexploitable : c’est avant tout un super projet d’amateur-expert passionné, permettant de moduler des centaines de paramètres, à l’instar de ces simulateurs de vol sur ordinateur si réalistes qu’ils nécessitent presque de détenir un brevet de pilote de ligne pour être exploités correctement…
Happy End
Automne 2023. Un an à peine après la conversation de Lyon, et suite à un patient travail de simplification, d’ergonomie et d’optimisation de l’expérience utilisateur mené conjointement avec l’agence digitale de l’enseigne, le site Sonance Audition dévoile son premier simulateur de perte d’audition en ligne gratuit, parfaitement fonctionnel et accessible à tout utilisateur lambda.

Et devinez quoi ? Depuis son lancement, les statistiques d’utilisation de l’incontournable Test d’audition, placé juste à côté, se sont envolées. Comme si la prise de conscience de la réalité de la vie de malentendant par l’entourage des personnes souffrant de perte d’audition, avait permis une meilleure compréhension des difficultés de celles-ci, et peut-être suscité un encouragement plus précoce à se faire dépister. Merci Benoît !
Testez dès maintenant le simulateur de perte auditive par ici !
Poitevins et poitevines, pour prendre rendez-vous avec Benoît Lavergne, inventeur et audioprothésiste D.E. c’est par ici !